Tôt ce matin-là. Le soleil venait tout juste de pointer le bout de son nez, et ainsi d’illuminer Qarth.

L’air frais qui entrait par la fenêtre ouverte réveilla Tekmia, lui donnant une sensation de fraicheur bien agréable. Dans très peu de temps la ville sera une fournaise cuisante, bien difficilement supportable.

Par devoir conjugale, et comme on était en droit d’attendre d’elle, Tekmia avait partagé le lit de son époux. Concevoir un héritier est la seule et unique chose qu’ils partagent. Elle, ne sembla pas presser de devenir mère, de peur de ne pas être prête et à la hauteur. Contrairement à son mari, qui lui attend là venu au monde de son fils. Ils ont tous deux, deux manières d’élever un enfant, diamétralement opposé.

Tekmia veut en faire un Dothraki, un grand et fier guerrier, qui devrait être à l’aise au sein des Targaryen.
Quant à Viserys, il en fera un homme exactement comme lui. À la seule différence, qu’il aura une totale emprise sur son fils. Celui-là, devra être comme son père lui ordonne, au risque d’en subir de lourdes conséquences.

Prenant bien soin de ne point éveiller son époux, Tekmia se glissa avec grâce hors du lit, enfila ses vêtements de la veille et quitta la demeure. Dans cette maison, elle n’avait jamais réussi à se sentir chez elle. Elle était une étrangère, séjournant un logis indécemment vaste, auprès d’un homme qui lui était indifférent.

À la minute même où elle posait un pied hors de ses murs elle se sentait plus légère. Et, quand elle franchissait les monstrueuses murailles qui entouraient Qarth, elle était à nouveau elle-même. Dans ce mode de vie, elle se sentait emprisonnée, retenue en otages par des règles, des conventions sociales. Ce n’est pas de cette manière qu’on l’avait élevée. Tekmia aime sa liberté, la solitude, et la chaleur réconfortante d’une tente typique des Dothraki, en peau de bête. Où se rassemblent les gens qu’elle aime.

Elle arriva aux portes de la ville, au même moment où un important cortège de carrioles semblait y entrer. Il semblait s’agir de marchands sillonnant les villes et villages. De voyageurs parcourant le pays.
Tekmia ne prêtait aucune importance aux choses matérielles. Elle n’en avait jamais eu l’usage ou le besoin, ni dans son enfance, ni aujourd’hui.
Ils s’installeront certainement sur la plus grande des places, celle qui est l’épicentre de Qarth. Un endroit que Tekmia n’a connu que de nuit, tout comme le reste de la ville. Leur laissant le passage, elle se mit de côté, les scrutant du coin de l’œil. Son regard se posa sur une jeune femme bien apprêtée qui attira son attention pleine et entière.

La jeune femme, qu'elle ne quittait pas des yeux, semblait venir vers elle, après être descendu de sa monture. Tekmia ne s'avança pas pour la rejoindre, préférant rester seule dans son coin.

"M’ath chomar oon", ces mot résonnaient en elle tel un écho d'une grande puissance. Tekmia n'avait jamais entendu aucune autre personne, en dehors de son peuple, parler le Dothraki. Dans la bouche de la jeune étrangère, aux allures certaines de noble, cela paraissait bien plus étrange qu'elle ne l'aurait cru.
La langue dans laquelle chacun a été élevé, est d'un naturel si instinctif, que l'on ne se pose jamais aucune question sur celle-ci. Elle sort d'une grande facilitée, c'est un des deux grands moyens de communication.
Cela est totalement différent quand l'on parle une langue étrangère, que l'on ne maîtrise pas. Comme cela semble être le cas pour la jeune femme qui vient d'aborder Tekmia. Elle-même est novice dans l'apprentissage d'une nouvelle langue, et bien qu'elle préfère parler la sienne, Tekmia semble savoir bien mieux se faire comprendre que son interlocutrice.

- Bonjour.

- Oui, moi Dothraki.

- Moi habiter Qarth. Nous Dothraki nomades, plaines centrale d'Essos. Peuple a moi, resté côté Qarth.

- Vous présentez moi.

Tekmia préférait toujours savoir qui elle avait en face d’elle. Jamais un Dothraki ne pouvait entamer une conversation sans se présenter au préalable. Et commencer une discussion sans le faire comme le veut la tradition, ne la mettait pas dans une position des plus agréables. C’est pourquoi elle voulait y remédier le plus rapidement possible, en lui demandant de se présenter. Malgré, le manque certain de considération, que l’étrangère semblait lui accorder. Tekmia devait répondre à ses questions, comme le veut le code relationnel.

- Vous marchand ? Voyageur ?

- Vous bientôt partir ?

Pour une personne étrangère à la tribu, et formulé dans une langue que Tekmia ne maîtrisait pas énormément, ses paroles pourraient paraître discourtoises. Même si Tekmia n’est pas d’une grande sociabilité, elle ne pourrait jamais être impoli envers une personne qu’elle vient tout juste de rencontrer. Cela serait faire une entorse bien trop importante au code relationnel des Dothraki.

Le cortège se dispersa, chacun prenant des routes différentes à travers la ville. Il ne resta bientôt plus, que le flue normale de circulation, à cette heure-ci de la matinée. Normalement, à cette heure-ci, elle devait s’approcher à grands pas du campement de son peuple. Elle aurait dû commencer à chasser, pour leur en faire cadeau, pour leur premier repas de la journée.

Cette rencontre soudaine avec cette jeune étrangère, bouleversait ses habitudes. Heureusement que les Dothraki ne comptaient pas sur elle pour fournir le petit déjeuner. Personne ne lui adressait la parole à Qarth. Tekmia ne s’en offensait jamais, car elle-même n’avait jamais ressenti le besoin de leur adresser la parole. C’est pourquoi elle ne savait pas bien ce qu’elle pouvait dire à la jeune femme qui lui fessait face.

Tekmia appréciait beaucoup l’effort de l’étrangère, de s’adresser à elle en Dothaki. Elle espérait que son ouestrien soit suffisamment claire, pour qu’elle ne s’en sente pas offensée.

- Toi deux noms ? Pourquoi ?

- Moi, dit Tekmia l’index pointé vers elle-même, Tekmia.

Tekmia écouta la jeune femme avec beaucoup d’attention. Forte heureusement elle ne parlait pas à grande vitesse, et la jeune Dothraki arrivait à la suivre sans trop de mal. Certaines formules qu’employait l’étrangère, restaient pour Tekmia un mystère. Mais elle en avait assez compris pour pouvoir prendre la parole à son tour.

- Vous heureuse ici …. visiter Qarth. Vous bientôt partir bateau loin. Allez où ?

Son peuple avait suivi un rythme de nomade, comme tous les Dothraki qui se respecte. Mais en arrivant aux abords de Qarth, il s’est passé une chose qu’ils n’avaient encore jamais ressentie. Ils se sont sortis à leur place. À l’écart des villageois, car il n’aime pas beaucoup se mélanger aux autres. Mais pas complètement fermé au monde non plus. Même si, en ce qui les concerne, ils n’en connaissent qu’une partie.
Puis ils ont rencontré le frère et la sœur Targaryen. Elle a épousé leur chef, et lui Tekmia. Alors ils ont pris leurs aises, et leurs habitudes dans ce lieu. Mais un jour ou l’autre, ils repartiront, vers d’autres horizons.

- Dothraki habiter là, lui fit-elle signe en lui indiquant du doigt la lisière d’un bosquet défraichit. Eux partir un jour.

Un homme s’adressa de loin à la jeune femme, mais Tekmia ne comprit pas tout ce qui lui disait. Sans s’arrêter sur cet échange, elle examina avec beaucoup d’attention l’allure de l’étrangère. Mais si elle semblait avoir son propre style, elle lui rappelait Khaleesi, quand elle l'a aperçut pour la première fois.

- Moi aller voir famille Dothraki.

Tekmia prit la main de l’étrangère, sans ajouter un mot, et l’entraîna avec elle en direction du bosquet. Sans lâcher sa prise, elles marchèrent toute deux jusqu’à celui-ci, et le contournèrent. De là elles avaient une vue incroyablement imprenable sur l’océan.

- Moi voir vous ici, tenta d’expliquer Tekmia en se désignant elle-même du doigt, suivit de leur position actuelle. Quand vous partir loin bateau.

Elle se tourna vers la jeune femme, dont elle tenait toujours fermement la main. Sans toutefois lui faire du mal. Tekmia la regarda dans les yeux, gardant le silence un instant. Puis d’un air interrogateur, légèrement triste, avec une furieuse envie d’avoir une réponse, elle lui posa sa question.

- Vous, lui dit-elle toujours en accompagnant ses paroles aux gestes. Voir moi quand vous bateau ?

Les yeux pleins d’espoir, elle la fixa, sans jamais sourciller. Attendant une réponse positive, mais surtout la vérité.

- Car moi souhaiter vous, courage, chance, joie, santé pour voyage vous.

Tekmia regarda au loin, en direction de l’océan, les bateaux qui allait et venait. Se demandant comment cela pouvait être, que de naviguer. Elle qui, comme chaque Dothraki, n’avait jamais prit place sur un navire.

- Mais avant vous voir famille Dothraki moi.

Sans lui lâcher la main elle l’amena un peu plus loin, toujours en bordure de mer, là où se dessinait une pente en direction des terres. Au pied duquel un campement s’était installé.
Le pointant du doigt, un sourire se dessina sur son visage en s’adressant à l’étrangère.

- Famille Dothraki moi.